Témoignage déposé le 22/06/2023

Ma première grossesse a débuté en février 2014.

J’étais très heureuse d’être enceinte et je n’avais pas du tout envisagé la suite de cette manière.

A 1 mois pile de grossesse, les nausées ont commencé : le matin, puis le midi, puis la journée entière.

Les vomissements sont très vite apparus, et je ne pouvais ni manger, ni boire, sans vomir.

Je me souviens que cet état a duré un moment car la gynécologue ne trouvait pas de solutions pour me soulager malgré sa bonne volonté.

J’ai finalement perdu 8 kilos en quelques jours, et après un passage aux urgences, j’ai été hospitalisée à domicile une semaine.

Une des infirmières m’a alors parlé de « la maladie de la princesse Diana », mais sans évoquer le nom. J’ai fini par prendre du Cariban.

A 4 mois, les symptômes se sont envolés, et malgré la tempête que j’avais traversée, j’ai pu poursuivre ma grossesse « normalement ».

Quelques années plus tard, j’ai découvert le nom associé à ce que j’avais vécu : « l’Hyperémèse Gravidique ».

« Chaque grossesse est différente et vous ne vivrez pas la même chose ».

En mars 2022, je tombais enceinte de ma deuxième petite fille.

A 1 mois pile, je n’avais aucune nausée ni vomissement… énorme soulagement… qui fut de très courte durée. 4 jours plus tard, je vomissais environ 15/20 fois par jour, toujours sans manger, ni boire.

J’ai tout de suite compris que j’allais de nouveau devoir affronter cet enfer. Le mot est fort, mais la traversée de cette maladie l’est tout autant. J’ai pleinement pris la mesure de l’impact qu’elle avait sur moi.

J’ai compris, aussi difficile soit-il de le dire, pourquoi certaines femmes, le cœur déchiré, n’en peuvent plus et mettent un terme à leurs grossesses.

De nouveau j’ai été reçue aux urgences, mais le personnel a estimé que je n’avais pas perdu assez de poids pour s’alarmer (3 kg en 2 jours).

Je ne remets pas en cause le professionnalisme de ces personnes, mais il serait bon pour certaines d’avoir un minimum d’empathie, et de ne pas sous-entendre que ce bébé n’était peut-être pas souhaité.

Je suis repartie, toujours en vomissant, et avec un « vous allez vous y faire, ce ne sont que des nausées ».

J’ai eu énormément de chance à côté de cela d’être bien entourée, car très rapidement, une amie médecin m’a prise en charge et hospitalisée à la maison.

4 traitements ont été tentés et c’est le Zophren qui a fonctionné pour moi. Les vomissements se sont espacés mais ont duré jusqu’à presque 7 mois.

Tout comme chaque expérience de vie, personne ne peut se rendre compte sans l’avoir vécu de ce qu’une femme enceinte traverse avec cette maladie.

J’ai eu la sensation de devoir me battre chaque seconde pour que mon corps tienne le coup, que mon bébé s’accroche, et soit en bonne santé.

J’avais la sensation d’être un zombie et de vivre dans un monde parallèle. Un quotidien de lutte.

Heureusement, contrairement à ma première grossesse, j’ai été suivie par des professionnels à qui j’ai pu me confier.

J’ai eu la chance d’avoir un compagnon à l’écoute et aux petits soins, d’avoir une famille et quelques amis qui prenaient de mes nouvelles, qui m’encourageaient, et d’avoir ma première petite puce qui me permettait aussi de relever la tête lorsque je n’en pouvais plus.

Depuis j’ai pu me reconstruire, et mes deux petites filles sont en bonne santé.

J’espère d’ici quelques mois être ambassadrice de l’Association afin de pouvoir écouter, aider à ma mesure les femmes en souffrance.

J’envoie ma force et de douces pensées à toutes les mamans qui affrontent ces moments difficiles actuellement… vous êtes des guerrières !