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Témoignage de Camille

Témoignage déposé le 05/06/2023

 

Nous étions tellement heureux d’apprendre que nous allions avoir un enfant, nous avions hâte de partager cette nouvelle avec tous nos proches ! Nous avions tout planifié pour aller annoncer la nouvelle, mais un soir au travail, je ne me sens pas bien. Je prends ma voiture pour rentrer mais je lutte pour ne pas m’arrêter et vomir. On ne m’a plus revu au travail. J’ai renoncé à annoncer à mes proches « en vrai ». Ma vie a radicalement changé en quelques heures.

Je vais chez le médecin, on me dit « c’est une gastro ça va passer dans quelques jours ». Une semaine plus tard, pas d’évolution, j’y retourne « ah vous savez c’est sûrement la grossesse». Je ne comprends pas bien ce qu’il m’arrive. J’ai l’impression que tout me rend malade : manger, boire, me lever, prendre une douche, me laver les mains, me laver les dents…

Je commence à tester tous les médicaments antiémétiques, je vois plusieurs médecins, j’entends des phrases difficiles à entendre « vous savez ma femme aussi a eu des nausées», « c’est surtout psychologique, c’est dans votre tête », « la grossesse n’est pas une maladie ». Comment peut-on me dire que c’est normal ? Que c’est dans ma tête ? Tout a changé si rapidement, je ressens la violence des vomissements, mon estomac qui se contracte sans que je puisse faire quoi que ce soit. Je suis convaincue que ce n’est pas normal, mais je ne sais pas ce que j’ai, je suis terriblement déçue de ma grossesse. J’ai même honte, si toutes les femmes enceintes ont des nausées, pourquoi je ne le supporte pas ?

Le futur papa est inquiet de mon état, il m’emmène aux urgences. On me met une perfusion, on me fait quelques analyses, on me dit que ça peut arriver et que ça devrait s’arrêter dans les prochaines semaines. Je rentre chez moi.

Les médicaments prescrits à l’hôpital font un peu d’effet, mais un mois plus tard, après arrêt du traitement, tout recommence. Je retourne aux urgences. Cette fois on me dit « vous savez ça peut durer toute la grossesse ». Mon moral est au plus bas, je dis à mon conjoint que je veux tout arrêter, que je n’en peux plus, que c’est ma survie ou celle du bébé.

Je vais à la première échographie, je dois prendre la voiture, marcher, m’arrêter pour vomir dans la rue. J’arrive enfin, toutes les femmes ont un gros ventre. Mon conjoint me dit « elles ont l’air plus en forme que toi ». Je ressens une grande injustice, mais quand je vois les premières images du bébé, je pleure. Il bouge énormément alors que j’ai l’impression d’être mourante, tout va bien pour lui. Je suis heureuse de le voir, je comprends un peu pourquoi je dois me battre.

Mon état s’est progressivement amélioré, je ne vomissais presque plus. Je continuais à prendre mes médicaments, j’avais des nausées permanentes et une grande fatigue mais je pouvais manger, boire. Je reprends un peu de poids mais je me disais que j’allais rester dans cet état nauséeux toute ma vie, j’oubliais presque ce que c’était la vie d’avant.

Le jour de l’accouchement, j’ai vomi plusieurs fois, puis mon bébé est arrivé. J’étais un peu submergée par les émotions. Le lendemain matin, premier petit déjeuner, je retrouve une vie normale et pour la première fois le plaisir d’être maman.