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Témoignage de Laurie

Témoignage déposé le 16/02/2024

 

Avec mon mari, nous essayons d’avoir un enfant depuis presque 7 ans. Nous sommes passés par beaucoup d’analyses et de rendez-vous en consultation pour infertilité, nous avons même failli aller jusqu’aux inséminations alors que nous n’avions pas de réel problème d’infertilité selon les différents examens, juste un cycle et une ovulation un peu plus tardive chez moi.

Tout cela pour dire que la lutte pour tomber enceinte a été longue et difficile, démoralisante à certains moments mais nous avions un peu laissé tomber car je vivais un moment difficile, la perte de ma grand-mère, le seul parent qui m’avait élevé et aimé. Et c’est un mois plus tard, après cette perte, que je suis enfin tombée enceinte ! Je n’y croyais plus !

J’étais sous le choc mais en même temps euphorique.

La vie m’avait pris quelqu’un pour me donner une autre personne à aimer de tout mon cœur.

Et là, 10 jours seulement après l’annonce, les symptômes ont commencé. Les deux premiers jours j’avais des nausées et je me couchais à 18h mais je me disais que c’était normal. Ensuite les nausées ne s’arrêtaient plus de la journée sauf quand je dormais. Je commençais à ne plus trop manger, un peu dégoûtée par toutes ces nausées. Cela s’est vite accéléré au point que cela me semblait insupportable, nausées 24h/24 même la nuit, je ne pouvais plus m’allonger, je devais rester en position assise la nuit. Je ne mangeais pratiquement plus rien mais le pire c’est que je n’arrivais plus à boire.

J’ai consulté deux médecins traitants différents du même cabinet, ils m’ont donné tous les traitements médicamenteux nécessaires (antiacide, anti nausées et vomitif oral et suppositoire, doxylamine et B6…). Malgré cela ça ne fonctionnait pas. Je ne vomissais qu’une ou deux fois par jour mais les nausées c’étaient le plus dur car elles ne s’arrêtaient jamais. J’ai commencé à avoir peur, je ne savais pas ce que j’avais, les médecins ne mettaient pas de nom dessus également.

C’est mon mari, infirmier libéral qui a trouvé sur internet, en faisant pleins de recherches, le bon diagnostic de l’HG.

Les semaines qui ont suivi ont été très dures au point où avec le recul, j’ai l’impression de m’être transformée en monstre insensible et sans cœur.

J’ai dû aller aux urgences gynécologiques afin qu’ils me perfusent pour me réhydrater mais ils ne voulaient pas que mon mari continue les perfusions à domicile alors qu’il est infirmier libéral.

Mon dernier espoir pour comprendre ce qu’il m’arrivait était ma gynécologue que je devais voir pour la première échographie.

J’y suis allé avec mon seau comme à chacun de mes déplacements, et là je n’ai jamais été aussi vite expédiée de ma vie.

J’étais en train de lui dire que je souffrais tellement au point que je voulais avorter de ce bébé que j’ai tant attendu, et elle m’a soit proposé d’être hospitalisée 5 jours en isolement dans le noir, sans droit de visite, sans communication extérieure (sans téléphone), que j’ai refusé car je ne voulais pas être séparée de mon mari, mon seul soutien, ou soit que l’IVG était aussi un choix que je pouvais faire, que c’était ma décision, qu’elle ne pouvait pas m’influencer.

Je ne voulais pas être influencée à ce moment mais écoutée et soutenue. Mais je suis sortie de cette consultation au bout de 5 min sans plus d’espoir, avec encore plus de peurs et en prenant rendez-vous au centre de planification pour programmer une IVG.

Et pour moi il est arrivé la chose la plus difficile que j’ai dû faire, je n’arrive pas à l’écrire tellement cela est difficile, mais j’ai perdu mon bébé.

Aujourd’hui quelques mois après, je peux dire que le deuil est encore là, que je me suis sentie tellement coupable, tellement abandonnée, incomprise… en colère !

Cette maladie m’a pris mon bébé ! Comment en arrive-t-on à avorter d’un bébé qu’on attendait depuis presque 7 ans ?

Cette question me hantera toujours.

Après l’IVG, je me disais que je ne pourrais plus jamais être maman, que ça allait recommencer et que je ne pourrais pas supporter une deuxième IVG.

Maintenant je sais beaucoup plus de choses sur cette maladie et comment être mieux prise en charge. Alors l’espoir revient tout doucement avec mon mari, ce n’est pas facile comme décision de retenter une deuxième grossesse car on met sa santé en danger c’est vrai, mais de rester sur cette expérience désastreuse toute sa vie et sur les regrets de ne jamais être maman, c’est également dangereux pour la santé mentale.

Cette fois on se battra avec les médecins s’il le faut pour que je puisse être mieux accompagnée et mieux soignée (perfusion à domicile, psychologue, soutien de la famille…) et un jour j’espère voir cette chambre d’amis se  transformer en chambre de bébé.