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Témoignage de Myriam

Témoignage déposé le 16/10/2024 

En couple depuis 7 ans, nous décidons avec mon compagnon d’avoir un enfant.

Je tombe enceinte après 6 mois d’essai.

J’éprouve une grande joie lorsque j’aperçois les deux barres du test de grossesse et mon amoureux aussi.

A partir de la troisième semaine de grossesse, je commence à sentir les premières nausées. A cette époque je suis institutrice. Je me souviens être devant ma classe et me sentir mal, sans trop expliquer ce qu’il m’arrive. Je bois plusieurs fois de l’eau dans la journée, mais ce mal ne passe pas. Je n’arrive pas vraiment à identifier ce que j’ai. 

J’apprendrai par la suite que ce sont des nausées, et c’est sûrement la première fois que j’en avais.

Le lendemain, je ne vais pas au travail, je me sens très mal. Les nausées se sont intensifiées.

Je suis enceinte de seulement trois semaines et tout s’accélère très vite. Je mange très peu. Je bois très peu et je dors beaucoup.

Plus j’avance dans la grossesse, plus les symptômes s’intensifient. Je vomis plusieurs fois par jour, mon diaphragme s’actionne tout seul sans que je puisse l’arrêter.

Je vomis quand je mange, quand je bois, quand je change de position ou quand je parle.

Je bois une petite cuillère d’eau sucrée toutes les 10 minutes pour tromper mon cerveau (non, non j’ai rien bu !).

Certaines odeurs me dégoûtent, puis ce sont toutes les odeurs qui me révulsent, celle de mon amoureux également.

Mes contacts sociaux sont très réduits, je ne sors plus, je suis très faible.

Les symptômes s’accentuent avec l’apparition de l’hypersalivation. Je ne peux même plus tenir une conversation téléphonique. J’ai une petite bouteille vide dans laquelle j’évacue mon trop plein de salive. Je vide la bouteille plusieurs fois par jour et la change régulièrement. Ca me dégoûte, mon reflet dans le miroir me terrifie, et mon teint vire au vert/blanc. 

A 4 mois de grossesse, je peux de nouveau manger quelques morceaux solides et boire quelques gorgées d’eau au sirop. J’évite l’hospitalisation de justesse. J’ai perdu 7 kg. La grossesse se termine bien et je donne naissance à mon premier enfant.

Deux ans plus tard, je lance le projet « bébé 2 ». Cette fois, j’achète un test d’ovulation afin d’être sûre de la période à laquelle je vais vivre les 4 premiers mois de grossesse. 

Une grossesse n’est pas l’autre, je n’y crois pas. Je suis sûre de retomber malade.

Je tombe enceinte en septembre, et je ressens les premiers symptômes en octobre.

Je reste chez moi isolée pendant la période automne/hiver, et c’est ce que j’avais prévu (inconcevable de vivre une HG au printemps/été).

J’ai changé de travail depuis et je préviens mon employeur de mon congé maladie longue durée. Je lui explique que je souffre d’hyperémèse gravidique, et lui explique brièvement la maladie. C’est un acte un peu militant, je me dis qu’il faut en parler, nommer cette maladie.

Ma fille a 2 ans. Elle comprend que je suis malade et elle est au petit soin pour moi. Dès qu’elle rentre de la crèche, elle vient me voir et s’assure que j’ai ma petite bouteille pour cracher. Après les 4 premiers mois, je vais de nouveau me remettre à lui lire des histoires et à m’occuper d’elle. Nous sommes une famille d’expatriés, mon compagnon a eu à gérer seul toute la maison et ma fille les premiers mois. Je prends un traitement qui a rendu l’HG un peu moins sévère que la première fois. Je donne naissance à mon deuxième enfant, merveilleux accouchement.

Lorsqu’on me demande si un troisième enfant est prévu, je réponds que je ne me pose même pas cette question, car déjà il est inconcevable pour moi de revivre une troisième grossesse. Qui s’occuperait des mes enfants ? Comment ferait mon compagnon ? Et je ne me vois pas revivre ces moments-là qui restent très difficiles.

J’envoie toutes mes forces à ces mamans qui souffrent actuellement d’HG, celles qui ont une HG tellement forte qu’elles ne peuvent pas mener à terme leur grossesse, celles qui vivent l’HG pendant les 9 mois, force et courage à nous toutes.