Témoignage déposé le 03/11/2019
Hyperémèse gravidique…Peu de monde connait cette maladie, même moi lorsque je suis tombée enceinte, et pourtant, elle allait me pourrir la vie pendant des mois…
Novembre 2012, je suis la plus heureuse. Après une douloureuse fausse couche 1 mois auparavant, je suis de nouveau enceinte…A Noël, je commence à ressentir de violentes nausées, ce qui me rassure car à ma 1ère grossesse, je n’ai tout bonnement eu aucun symptôme…Dans les jours qui suivent, je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit, la moindre odeur est insoutenable. Le médecin me dit que tout est normal et me prescrit du primperan. Le traitement est un échec, je n’arrive pas à le garder dans mon estomac. Le corps médical est sourds à mon SOS, et mes proches, qui vivent loin, trouvent mes symptômes normaux, mais ne voient ce que j’endure. Les jours passent, les semaines…et mon mari assiste impuissant à mon mal-être, essayant de tout faire pour me soulager, il essaie de me cuisiner tout ce que j’aime, me masse pour me détendre et me réconforte comme il le peut. Malgré tout, il m’arrive parfois de culpabiliser, j’ai tellement désiré cette grossesse et pourtant, je déteste ce qu’elle me fait ressentir, je passe mon temps à pleurer…Je suis une vraie loque, je ne me lève que pour aller aux toilettes et me laver (même ça, devient un calvaire quotidien).La moindre odeur, la moindre image de bouffe, même en entendre parler me donne des haut le cœur, et je vomis tellement de fois dans la journée que je ne les compte plus. Et comble du « bonheur », je souffre également d’hypersalivation, et ça je crois que c’est pire que tout! Arrivée à 4 mois de grossesse, je suis arrivée à -10 kilos, et je suis si faible que je commence a faire un malaise si je suis plus de 2 minutes debout. Les seules sorties que je m’autorise sont les rdv médicaux et l’achat de la poussette de mon bébé.
Et puis en l’espace d’une semaine, miracle, je me sens de mieux en mieux. Je ressens de nouveau quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis 3 mois : la faim. Je dois réapprendre à manger de petites quantités progressives car mon estomac ne supporte pas encore d’être trop rempli. Malgré tout, sans faire d’excès, le mois suivant j’ai repris 5 kilos en un mois. A partir de ce moment-là, le reste de ma grossesse a été parfaite.
18 mois plus tard, non sans craintes, j’attends mon petit deuxième. Au bout d’un mois, les nausées et quelques vomissements apparaissent mais contre toute attente, au bout de 3 semaines je mène ma vie normalement, je n’ai plus de nausées. Je ne pense même pas pouvoir dire que l’hg était de retour car le fait de ne rien pouvoir manger n’a duré qu’une semaine sur les 3.
Aujourd’hui, j’attends mon troisième enfant et l’hg et l’hypersialorhée sont de retour, et ce coup-ci avant même mon test de grossesse positif. C’est toujours très dur, mais les choses se déroulent un peu mieux pour moi par rapport à la fois précédente car entre-temps, j’ai pris connaissance de l’hyperémèse et qu’en plus, ayant changé de maternité pour mon suivi, je suis tombée sur une super sage-femme qui a su m’orienter vers des solutions. Sous ses conseils, je suis sous donormyl, ce qui ne me permet pas de calmer complètement les nausées et ne m’empêche pas d’être malade, mais qui au moins me permet de m’alimenter et boire. Par contre pour l’hypersalivation, aucun remède, et c’est un cauchemar! Cette semaine je vais voir un ostéopathe car à force de vomir, je me suis bloqué les cervicales, ce qui est une souffrance supplémentaire.
Le plus difficile pour moi est de ne pas pouvoir jouer et m’occuper de mes enfants autant que d’habitude, même si je me sens bénie d’avoir un super mari qui est un bon père et s’occupe d’eux, et qui est toujours compréhensif et aux petits soins avec moi. Il ne minimise pas ce que je ressens et il est d’un soutien sans failles.
Dans tous les cas, j’espère que tout ça s’arrêtera vite, pour enfin vivre le reste de ma grossesse sereinement et calmement. Mon petit troisième sera aussi mon dernier, car même si une grossesse n’est pas l’autre, je ne me sens pas le courage de reprendre le risque de revivre l’hg une fois de plus.
Je n’en tire qu’un côté positif : je me dis que si un jour ma fille, ou belle-fille souffre d’hg plus tard (même si d’ici là j’espère que ce sera reconnu et mieux traité/suivi), je serai là pour l’aider, la soutenir et la comprendre.