Témoignage déposé le 26/01/2024
Je découvre ma grossesse en juin 2022.
Une fois passée la joie de l’annonce, à peine quelques jours après, tout vire au cauchemar.
Mon mari était terrifié par mon état qui s’est énormément dégradé en quelques jours, et avec une sage-femme injoignable, nous étions perdus.
Nous attendons 3 semaines avant de nous rendre aux urgences de ma ville, j’étais à ce moment à un mois et demi de grossesse.
Hospitalisée pour déshydratation, j’ai perdu 10kg, je ne peux plus m’alimenter, je ne supporte plus la lumière du jour.
Je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe, est-ce normal ou non ? Selon certaines sages-femmes, ça l’est, selon d’autres, je rejette la grossesse.
Mon mari est désemparé, mais est très présent malgré son emploi très prenant à ce moment de l’année, il est agriculteur.
Je rentre chez moi après quelques jours, toujours très affaiblie, les achats de vêtements réalisés sont de 2 tailles inférieures, rien n’est cohérent.
Je passe des jours et des nuits enfermée dans cette chambre dans le noir complet, sans pouvoir m’alimenter.
Je découvre l’hypersialorrhée, je vais devoir jusqu’à la fin de ma grossesse vivre avec une bassine dans les mains, ma salive est devenue de l’eau, un petit ruisseau.
Nous avons peur pour moi, je dois retourner aux urgences, et nous nous rendons compte que le seul moment où je pouvais me sentir « bien », c’était lorsque j’étais perfusé.
Nous expliquons de nouveau ce qu’il se passe, mais nous voyons que nous ne sommes pas compris, et on me fait comprendre qu’être malade est normal.
Je culpabilise de mobiliser cet hôpital, et vis très mal le fait de ne pas être prise au sérieux.
De nouveau hospitalisée, une dame vient à ma rencontre et se présente comme étant IPA dans un CMP.
Étant vraiment très mal, je conserve sa carte mais lui indique ne pas être en état pour tenir une discussion, et je pense ne pas en avoir besoin.
Mon mari se fâche auprès d’une sage-femme (je m’en souviens encore, je suis tellement désolée pour elle), il ne comprend pas qu’on me laisse dans cet état, qu’on ne me soigne pas.
Et c’est cette sage-femme qui mettra des mots sur l’HG, c’est la seule qui nous expliquera finalement ce qu’il se passe.
Finalement le soir, je suis prise d’angoisse, je me sens mal psychologiquement. J’appelle mon mari en pleurs en lui demandant de me faire rentrer à la maison.
Je sens que je ne vais pas tenir, des idées noires sont très présentes.
Ma demande a été entendue, je sors.
Une de mes amies est très inquiète, elle fera de nombreuses recherches et découvrira l’association, j’ai donc suivi cette page, qui m’a permis de me sentir moins seule.
En temps-temps je trouve une sage-femme libérale qui va être aussi d’un grand soutien et qui connait l’HG.
Mon médecin traitant se bat pour trouver un traitement pour me soulager, et après beaucoup de tests et d’effets indésirables nous en trouvons un.
Interdit en cas de grossesse. Après contact avec le CRAT et accord nous partons sur un traitement qui m’aidera à m’alimenter légèrement.
Les mois se ressemblent, mon mari est toujours très présent mais désarmé. Vient la T3 pendant les fêtes où nous est indiqué qu’il y a un problème dans le cerveau de notre bébé.
Le monde s’écroule, nos cœurs ont tellement mal. Nous sommes envoyés en urgence le 31 décembre pour un complément avec un collège de spécialistes.
Finalement notre bébé va bien tout se résorbe.
Je compte chaque jour et m’impose de tenir le cap.
Notre petite fille est arrivée à J+6 par déclenchement.
Cet accouchement restera le plus beau moment de notre vie, nous avons eu un merveilleux accompagnement. Une naissance tout en douceur dans une telle sérénité.
Je n’oublierais jamais le visage de ces sages-femmes, elle ne s’imagine pas à quel point elles ont marqué nos vies.
Je n’y croyais pas, mais je peux confirmer que quelques heures seulement après je mangeais comme si l’HG n’avait jamais existé.
Deux mois après la naissance de Bertille, je retrouve mes esprits, j’ai l’impression que mon cerveau s’était mis sur pause pendant 9 mois, j’ai oublié énormément de choses.
Petit à petit je me rends compte de ce que je viens de vivre pendant 9mois, je culpabilise énormément d’avoir eu des idées suicidaires, de ne plus avoir voulu de ce bébé lorsque j’étais mal.
Je décide donc de prendre contact avec le CMP, l’IPA que j’avais rencontré m’a donc accompagné. C’était plus que nécessaire.
Décembre 2023, je me sens terriblement mal, j’ai énormément mal à la poitrine, je dors au travail, je n’ai plus d’énergie pour ma petite fille.
Bilan sanguin et mammographie sont programmés, nous sommes inquiets.
Me voici alité, épuisée.
Puis un soir en me couchant, je me rends compte que l’hypersialorrhée est là. Pas de doute je suis enceinte.
Après une longue discussion avec mon mari nous prenons une décision qui nous arrache le cœur mais nous ne poursuivrons pas cette grossesse, qui, à 4 semaines, prend déjà la tournure de la première.
Mon mari est profondément marqué et ne veut pas revivre ça et avoir peur pour ma vie, et de mon côté, je veux pouvoir m’occuper de ma petite fille, je ne suis pas prête non plus à revivre ceci.
Nous avons donc pris rendez-vous avec la sage-femme qui nous a accompagnés.
Nous réalisons qu’il n’y aura jamais d’autre enfant, et nous réalisons d’autant plus la chance d’avoir déjà notre petite Bertille.
Je vous souhaite beaucoup de courage, je vous souhaite d’être très entourée.
Je n’y croyais pas mais lorsque votre bébé naîtra vous aurez gagné mille batailles !