Témoignage déposé le 20/02/2019
Si le témoignage peut aider alors je me lance, mais ce n’est jamais simple de revenir sur un épisode douloureux de sa vie. C’est avec une joie intense que j’apprends que je suis enceinte à seulement deux semaines, on est alors en janvier 2015 ! Très rapidement, ce que je pensais être des nausées arrivent.
Mais je ne me sens pas seulement un peu barbouillée, je vomis, de jour comme de nuit. Je pense que c’est normal et je m’en réjoui. Mais je n’arrive pas à manger non plus, alors je perds du poids, comme je suis migraineuse les vomissements s’intensifient à chaque crise.
Je suis nouvelle dans cette ville où aucun médecin ne veut me prendre en consultation, même si je suis enceinte. Mon gynéco me dit que tout est normal et je dois faire une heure de route pour aller voir mon médecin traitant, qui ne me prescrit rien non plus car une femme enceinte ne doit pas prendre de médicaments à par Doliprane et Spasfon (désole pour les marques).
Je commence à me demander si tout ça est vraiment normal mais je préfère faire confiance aux personnes compétentes, après tout je ne suis jamais tombée enceinte avant et comme on vous dit qu’être enceinte n’est pas une maladie, j’ai eu honte et je n’en parlais pas. Heureusement pour moi, j’ai eu la chance que les vomissements ralentissent jusqu’à presque cesser complètement vers 4 mois et demi de grossesse, j’arrive à mieux m’alimenter et je prends enfin quelques kilos. A 5 mois et demi de grossesse j’ai des contractions en station debout, je dois rester tranquille et j’ai mal partout.
Finalement j’accouche à 8 mois pile de grossesse, je devais avoir une césarienne programmée car j’avais un bébé de taille normal et moi je suis très petite, malgré le scanner du bassin réalisé la veille qui confirme que ce bébé ne passe pas, le gynéco décide de faire une « mise à l’épreuve », on me branche comme un sapin de Noël et tout est programmé, je suis dépossédée de mon accouchement. J’ai fait au final, 1h30 de poussée dont 15/20 minutes avec les forceps, sans anesthésie depuis plus de 4 heures.
Je souffre, ma fille aussi mais c’est enfin la délivrance. Au milieu des derniers vomissements, je perds connaissance, tout le monde pensent que, épuisée, je dors. J’ai une cicatrice énorme qui me fait souffrir, les saignements de retour de couche sont déjà là, si je mange je vomis et si je me mets debout je m’évanoui pour la première fois de ma vie. Les premiers instants avec bébé ne sont pas simples mais je ne lâche rien, je dois abandonner mon allaitement car ma fille perd trop de poids, ça aussi c’est dur.
Malheureusement pour moi le combat ne s’arrête pas là.
Deux mois après mon accouchement, donc en novembre 2015, des douleurs terribles au dos et au thorax me réveillent, je suis en difficulté pour respirer et je vomis pendant 3 heures de temps en souffrance. J’ai beau expliquer tout ça à mon médecin, il décide que je suis en dépression post-partum. Je ne comprends pas comment je peux me faire autant souffrir, pourquoi alors que je suis heureuse d’être maman malgré toute la souffrance physique. Je préfère mille fois être malade plutôt que ce soit mon enfant. Je reprends le travail, c’est parfois compliqué mais je tiens bon. En souffrance, je fais appel à des massages ou de l’ostéopathie, mais ça ne fonctionne pas. 9 mois après mon accouchement, en juin 2016 je tente l’acupuncture et cette femme m’a sauvé la vie, elle a juste regardé mon thorax pour comprendre que ma vésicule biliaire était touchée et certainement gravement. Elle m’amène elle-même aux urgences où après une prise de sang catastrophique (et oui personne ne m’avait prescrit de prise de sang jusque-là) on me fait une échographie du thorax, le spécialiste reste scotché devant l’immense amas noir. On me transfert immédiatement dans un autre hôpital où on me dit qu’on va m’enlever un organe demain. Je ne panique pas, je suis soulagée, soulagée de savoir que tout ça n’est pas dans ma tête et surtout que toute cette souffrance va s’arrêter. Je suis très optimiste ! La seule chose que je vie mal c’est que je n’aurai pas le droit de porter mon bébé de 9 mois pendant un mois et demi. Le chirurgien me dit que ça va être délicat, la vésicule est prête à exploser et gorgée de calculs et de boue biliaire, seulement le foie aussi en est rempli, le pancréas un peu bousculé lui-aussi. On me fait jeûner 3 jours avant de m’opérer. Prise par la gorge par mon employeur non compréhensif, je décide de reprendre le travail après une seule semaine d’arrêt, donc avec les points. Mon état de santé se dégrade jusqu’à un état général altéré (perte de cheveux, ongles, bleus partout, douleurs, fatigue intense, gencives qui saignent, etc.).
J’arrive à tenir presque un an dans ces conditions, jusqu’à faire un malaise en allant travailler, le 9 mai 2017. Je pense qu’en m’arrêtant, je me reposerai et tout rentrera dans l’ordre.
Mais déjà qu’il me faut de l’aide pour prendre ma douche, m’habiller et tout un tas de tâches quotidienne, j’ai chaud et les malaises s’intensifies, surtout juillet et août. On arrête tout traitement, y compris la pilule. J’ai des prises de sang toutes les semaines et divers autres examens (échographies, scanners, IRM, coloscopie, fibroscopie, etc). Les spécialistes s’inquiètent, mes taux du foie sont toujours mauvais, ma digestion catastrophique, j’ai des carences vitaminiques très importantes mais on ne trouve rien.
Et soudainement, en octobre 2017, 5 mois après le début de mon arrêt, les taux reviennent à la normale, peu à peu je reprends vie, je ré-apprends des gestes tout simple du quotidien. Je peux enfin être seule en présence de ma fille, je peux m’en occuper. Bien-sûr j’ai perdu mon travail et beaucoup de gens ne comprennent pas, me disent que c’est psychologique, je ne supporte plus cette excuse de « psychologie » lorsqu’on n’a pas une réponse adéquat. Pour que mes tendons du bassin reprennent forme, mes abdos, mes muscles du dos, il m’a fallu presque un an, d’octobre 2017 à octobre 2018. Aujourd’hui, en février 2019, 4 ans après le début de cette grossesse tumultueuse, j’ai trouvé un emploi stable, ma petite fille est entrée à l’école et s’y épanoui, je n’ai presque plus besoin de sieste, surtout je ne souffre plus.
Je ne mange plus comme avant, ma digestion est spéciale, mais ce n’est pas grave, j’y arriverai j’en suis certaine. Je suis tombée par hasard sur cette page et j’ai trouvé que les témoignages ressemblaient à mon vécu, sauf que j’ai eu des complications après accouchement, certainement par manque de soins évidents.
Moi je sais que tout ça n’est pas dans ma tête car je ne peux pas bouger des analyses de sang par la pensée. Je n’ai jamais désespéré trouver une réponse, je crois qu’aujourd’hui c’est fait.
