Témoignage déposé le 29/12/2021
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu épouser le rôle de maman.
Petite quand on me demandait ce que je voudrais faire plus tard, c’était clair : « je veux devenir maman ! « . J’ai joué à la poupée jusqu’à tard. J’avais au fond de mon coeur ce désir tellement fort…
Je tombe enceinte à 16 ans, un oubli de pilule unique et c’est le « drame ». Mais mon copain n’est pas prêt, et mon désir ne se suffit pas, alors le choix de l’avortement est fait. Les nausées sont très violentes et des vomissements m’accompagnent jusqu’au jour de l’IVG, mais c’est une décision et une épreuve difficile alors je pense que la cause est psychologique.
Le jour J est difficile, mais le soulagement physique l’emporte sur ma peine : après l’aspiration les nausées s’évanouissent comme par magie. Je suis soulagée de voir s’arrêter ces symptômes de grossesse.
Cette expérience renforcera tout de même dans mon cœur ce désir passionné d’avoir une famille.
Alors très naturellement, après 2 ans de vie commune avec l’homme de ma vie, pour mes 19 ans, en 2009, je fais retirer mon implant. Et quelques semaines plus tard, l’heureuse nouvelle arrive, bébé c’est installé.
Quelques nausées sont vite présentes. A la prise de sang mon taux hcg explose les compteurs, le labo me dit que je suis enceinte de 10 semaines (en réalité j’étais à peine à 5, avec certitude, ce que l’écho de datation confirmera d’ailleurs.)
À 4 semaines, les nausées deviennent insupportables, et les vomissements démarrent. Je consulte ma médecin traitant qui me tiens l’éternel discours « c’est normal d’avoir des nausées au début de grossesses, y’a rien à faire faut être courageuse ».
Je prends l’avis tel quel. Je suis tellement heureuse de porter la vie que je ne me laisse pas impressionner par cet état.
Je subis quotidiennement les vomissements et surtout les nausées, déclenchées par n’importe quelle odeur. Mon état s’aggrave, mais le gynéco qui me suit confirme ce que le médecin disait « les nausées sont normale, où c’est moi qui suis pas assez mûre pour être mère et qui subit le bébé qu’il considère comme un nouvel accident. Je suis douillette, il faut m’endurcir. De toutes façon y’a pas d’autre traitement que ce qu’on m’a déjà prescrit. Et l’embryon se porte bien … »
J’accepte, j’essaie de m’endurcir, mais ça s’aggrave encore. Chaque jour me fait douter un peu plus sur ma capacité à être mère. Si tout le monde avait raison ? Si malgré mes certitudes, je n’étais pas assez forte. Je pense à arrêter cette grossesse chaque jour, face à cette pression, mais ça me tords de douleur de ne pas avoir ce bébé. Je l’aime déjà au-delà de moi-même. Je subis en silence, et laisse mon cœur de maman prendre toute la place.
Je me nourris autant que possible, mais je ne garde rien, ni eau, ni nourriture. Et à 10 SA, je suis prise un soir de violentes douleurs dans tous le corps, je souffre aussi de maux de tête intense, et me tenir debout est quasi impossible sans malaise.
Je prends un nouvel avis médical, et il m’envoie aux urgences pour une hospitalisation. Taux de potassium ridiculement bas, entre un tas d’autres choses : en bref je suis déshydratée, carencée, j’ai perdu 11 kilos en 21 jours (et encore un peu plus sur mon poids initial). Le protocole d’hospitalisation est d’être dans le noir, sans visite, sans activités, sans manger et sans boire. Sauf que manque de place (et de chance) me voilà dans une chambre de 3. Les autres mangent, reçoivent des visites, regardent la télé… C’est juste une punition d’être là sans boire et sans manger… Sans mon amoureux. « la vomisseuse » est mon surnom sans le service, c’est très éprouvant.
Les sages-femmes me traitent comme une gamine fragile et capricieuse. On me balance des phrases assassines à chaque passage… Je me sens moins que rien, et indigne d’être une mère.
Psychologiquement c’est l’enfer. Au bout de 4 jours, on m’autorise une compote, je la vomis, mais je ne le dis pas, je mens pour me sortir de ce « piège ». On me laisse sortir.
Malgré l’insupportable situation, je ne cherche plus d’avis médical, j’attends que ça passe, en pleurant beaucoup. Les nausées se calmeront quelques semaines plus tard, le traumatisme et les doutes s’évanouiront au même rythme que mon ventre s’arrondit.
Je vis une grossesse plutôt sereine, ponctué de quelques vomissement mais moindre comparé aux premiers mois. Deux jours avant la date du terme une merveilleuse petite fille en pleine santé est venue réaliser le rêve de ma vie. 17 mois plus tard, un autre petit bébé vient de s’installer, pour mon plus grand bonheur !
L’espoir d’une grossesse sans nausées est très présent (j’ignore encore que mon cas est une pathologie) …
J’ai bien rêvé, mais à 5SA, la souffrance (re)démarre. Mais cette fois l’expérience joue pour moi : Hors de question d’écouter les médecins, et l’hospitalisation n’est même pas envisageable, la confiance est brisée. Alors je cherche de nouvelles solutions : ça commence par les forums sur internet, je découvre des témoignages et que je ne suis pas un cas isolé, que d’autre pays associent ça a une pathologie « hyperémèse gravidique » mais mes médecins ne doivent pas avoir internet car ils me font les yeux rond quand j’annonce ce diagnostic …
J’abandonne de demander leur aide. Je commence à m’auto-médiquer au donormyl + vit b6 + primperan recette donnée sur un forum, (non contre indiqué par mon médecin, même si il réfutait la légitimité de ce cocktail), mes vomissements diminuent considérablement, mais mes nausées sont toujours très handicapantes et insupportables.
Donc je cherche de l’aide vers des médecines alternatives : je pars voir un médecin chinois, un acupuncteur, un ostéopathe, une naturopathe et j’en passe… Aucun miracle, mais des améliorations me permettrons de mener de front, une auto entreprise la semaine (un centre d’appel) et un poste de serveuse le soir des week-ends, sans compter mon rôle de maman de ma princesse.
Au milieu du 4 ème mois, les nausées se calmes. La fin de ma grossesse est aussi sereine que ma première et au bout une magnifique petite fille, viens embellir ma famille et combler mon cœur.
En 2009 et 2011, mon hg a été une maladie mentale selon mon entourage et mes médecins.
Je n’avais que les forums, avec le témoignage d’autres femmes, principalement du Québec, pour confirmer que ma santé mentale n’étais pas atteinte. Et en 2013, quelques personnes de mon entourages ont lu des articles sur Kate Middleton, et ont compris que mon mal était plus répandu qu’ils ne l’avaient pensé.
Je remercie de tout mon cœur, les actrices qui ont fait que tout ça est avancé dans le bon sens, et que désormais des associations et un vrai dialogue commence à exister. C’est une réelle consolation pour moi, qui souffrait d’imaginer d’autre jeunes femmes, plus fragile, endurer ce parcours de combattante pour donner la vie, sans aide.
Je souhaite que bientôt, TOUT les acteurs médicaux soient au fait des difficultés de l’hg et des solutions qui existent pour la soulager. Que plus jamais on ne culpabilise une femme qui essaie de faire de son mieux pour devenir une mère malgré sa souffrance.